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Lemonside: On est passé en coopérative et cela a tout changé !

Lemonside est une agence de communication qui s'est engagée à travailler exclusivement sur des projets porteurs de sens dans le domaine de l'économie sociale. Après deux années d’activités, l'équipe de Lemonside a pris une décision importante en se constituant en société coopérative. Nous avons voulu savoir ce que cela avait changé pour eux.

Pourquoi avoir lancé Lemonside ?

Notre objectif initial était de rendre les projets d’économie sociale plus visibles, en utilisant nos compétences en communication. Nous croyons fermement que la visibilité est essentielle pour accroître la rentabilité et l’impact positif sur la société des projets d’économie sociale.

Pourquoi avoir décidé de travailler en collectif ?

Nous nous sommes rencontrés lors du « Déclic Tour » et nous avons suivi ensemble le parcours « Seeds » de Coopcity, cela a initié notre collaboration.

En nous rassemblant, nous avons pu mettre en commun nos ressources et compétences complémentaires. Cela renforce notre capacité à avoir un impact significatif dans le domaine de l’économie sociale, car cette approche collaborative nous permet d’aborder des projets d’envergure plus importante.

Pourquoi avoir fait le choix de la coopérative et qu’est ce que cela a changé pour vous ?

Le passage en coopérative a tout changé. Au départ, nous travaillions en tant qu’indépendants ou salariés via la coopérative d’emploi SMART. Le choix de passer en coopérative était présent depuis le début du projet, car on souhaitait que chaque personne qui bosse avec nous quel que soit son statut puisse être associé au projet et soit détenteur de l’outil commun.

Le passage en coopérative nous a permis d’accéder à une plus grande autonomie et de concrétiser notre vision d’égalité entre tous les membres de la coopérative. Contrairement au modèle SMART, qui avait une structure plus rigide et hiérarchique, le modèle coopératif nous a offert une plus grande liberté pour établir une répartition équitable du pouvoir, des rémunérations et cela peut importe notre statut (salarié, indépendants, indépendants complémentaires, etc.)

La transition en coopérative a également eu un impact significatif concernant notre positionnement sur le marché. Nous avons gagné en crédibilité et avons pu répondre à un plus large éventail d’appels d’offres.

Grâce à notre statut de coopérative, nous avons pu remporter des appels d’offres majeurs avec des partenaires tels que la Ville de Bruxelles et l’UCL. Ces opportunités nous auraient été inaccessibles si nous étions restés dans le modèle SMART ou comme travailleurs indépendants.

La coopérative nous permet également de faciliter les relations avec nos partenaires et sous-traitants au sein de consortiums. Le modèle coopératif s’est avéré être une excellente solution pour cela, car il nous a permis d’établir des partenariats fructueux tout en évitant les coûts supplémentaires associés au système SMART.

En résumé, le choix de se constituer en coopérative a été essentiel pour nous permettre de réaliser notre vision en prenant en charge des projets plus ambitieux. Le modèle coopératif a favorisé l’égalité de pouvoir, la flexibilité et les opportunités commerciales, ouvrant de nouvelles perspectives que nous n’aurions pas pu envisager avant.

Peux-tu nous parler de votre modèle de gouvernance ?

Chez Lemonside, nous avons mis en place deux types de parts, à savoir les parts A et les parts B. Lorsqu’une personne rejoint la coopérative, elle peut commencer par prendre une part B, ce qui lui permet de participer à l’assemblée générale sans avoir encore accès au conseil d’administration (CA). Les parts A, quant à elles, donnent le droit de siéger au CA et, en cas de vote, ce sont les détenteurs de parts A qui ont le pouvoir de décision.

Notre objectif à long terme est d’inclure tous les travailleurs de l’entreprise en tant que détenteurs de parts A. Toutefois, nous avons mis en place une période de deux ans au cours de laquelle les nouveaux arrivants doivent d’abord obtenir une part B avant de pouvoir accéder à une part A. Cette approche nous permet de garantir une intégration progressive et de veiller à ce que chacun s’engage pleinement au sein de l’entreprise. C’est une forme d’écolage et de cette manière on est certain que cela fonctionne d’un côté comme de l’autre.

Les décisions prises au sein du collège A, où se trouvent les détenteurs de parts A, doivent être prises à l’unanimité. Nous favorisons les discussions et les compromis afin d’aboutir à un consensus. En ce qui concerne les détenteurs de parts B, ils ont le pouvoir de décision sur les aspects opérationnels et quotidiens de l’entreprise, tels que le choix des clients et des projets. Si un accord ne peut être trouvé au sein du collège B, nous avons prévu des garde-fous, bien que nous n’ayons jamais eu besoin de les utiliser jusqu’à présent.

Il est important de souligner que notre notaire nous a mis en garde contre le risque qu’une personne puisse bloquer l’ensemble des décisions. Malgré notre optimisme initial, nous avons pris en compte cette recommandation dans nos statuts afin de garantir un fonctionnement harmonieux de notre modèle de gouvernance.

Les membres de la coopérative ont-ils tous effectué le même apport financier lors de la création de l’entreprise ?

Lors de la création de la coopérative, chacun des membres a effectué un apport financier de 1 000 €. Ce montant a couvert les frais de notaire (1500€) et a permis d’établir un fonds de roulement initial. En tant qu’agence de services, nous n’avions pas besoin de réaliser d’investissements majeurs au départ. De plus, nous avons pu transférer les fonds restants de notre précédente activité commune via la SMART, ce qui a réduit considérablement notre apport financier individuel.

Via notre plan financier, nous avons démontré notre viabilité sur deux ans et nous avons pu démarrer l’entreprise en janvier 2022 avec plusieurs milliers d’euros sur notre compte, ce qui était largement suffisant pour commencer. Nos clients existants ont continué à travailler avec nous, et grâce à notre modèle coopératif, nous avons pu en attirer de nouveaux.

L’objectif de cet apport était principalement de marquer notre engagement et de montrer qu’il s’agissait d’un investissement réel. Ce montant de 1 000 € restera le même pour les personnes souhaitant acheter des parts dans notre entreprise à l’avenir. Et si un membre décide de quitter l’entreprise, il ne pourra récupérer que son apport initial, sans aucune plus-value.

Comment affectez-vous le résultat?

Conformément à nos statuts, nous ne distribuons pas de dividendes. Cependant, lorsque nous réalisons de bonnes performances au cours de l’année, en plus de mettre en réserve une partie des résultats, nous nous accordons des bonus salariaux en fonction du nombre d’heures de travail effectuées par chaque coopérateur. Cette rémunération est proportionnelle au temps de travail, qu’il s’agisse d’un emploi à temps plein, à mi-temps ou à 2/5 par exemple. L’année dernière, nous avons connu de bons résultats et nous avons redistribué le montant disponible en fonction du temps de travail de chaque membre. Chaque membre est libre d’utiliser cet argent comme bon lui semble.

Quelle est la politique de rémunération chez Lemonside

Dans notre coopérative, nous avons adopté un principe fondamental : tout le monde est payé exactement pareil. Cela signifie que nous nous assurons que le budget salarial soit équivalent pour tous les membres. Nous veillons à ce que le coût salarial pour Lemonside soit le même peu importe le statut des travailleurs et leur ancienneté. Ainsi, nous favorisons une approche égalitaire et transparente en matière de rémunération au sein de notre coopérative.

Cette approche favorise un fort sentiment d’engagement et d’investissement des travailleurs dans le projet coopératif. C’est une manière de dire que ce projet est le nôtre à tous, et que nous sommes tous égaux et responsable dans notre contribution.

Dans la création d’une entreprise, notamment une coopérative, il y a souvent un investissement en temps de la part des fondateurs pour développer l’activité, acquérir des clients, construire une réputation et mener des actions de communication. Après quatre ans d’expérience, même si la coopérative n’a pas existé pendant toute cette période, existe-t-il une volonté de valoriser le travail préalable qui a peut-être été moins rémunéré à un certain moment, voire bénévole, lors du lancement de l’activité ou de la participation à des initiatives telles que les programmes d’accompagnement de Coopcity ?

Les premières années, nous avons fait beaucoup d’heures bénévoles et il nous a fallu presque deux ans pour stabiliser nos salaires. Nous n’avons jamais eu l’intention de valoriser le travail des fondateurs, car nous considérons que le projet est un bien commun que nous avons créé ensemble. Les nouvelles personnes qui rejoignent le projet sont conscientes de cette situation et nous ne voulons pas qu’elles passent par les mêmes difficultés que nous. Notre objectif est qu’elles investissent dans l’avenir du projet et contribuent à sa croissance. Nous n’avons pas de mécanismes pour valoriser le travail passé, car nous pensons que cela ne serait pas juste pour les nouveaux membres. Ce sujet a été discuté entre fondateurs et aucun de nous ne peut revenir sur la décision, car elle a été acceptée en connaissance de cause.  En tant que fondateurs, nous souhaitons que le projet se développe et si on restait à nous quatre ce ne serait pas possible, car nous n’aurions plus rien de nouveau à apporter à la coopérative.

Comment se passent les relations avec vos sous-traitants ? Existe-t-il la même transparence et égalité salariale ?

Nous faisons face actuellement à un défi important. Nous travaillons régulièrement avec différents sous-traitants, tels qu’un vidéaste, un photographe, graphiste, etc.Cependant, en raison de la nature de la sous-traitance et des tarifs spécifiques, nous sommes contraints de les rémunérer plus que nos propres membres. Nous constatons que notre modèle de gouvernance fonctionne bien en interne, mais nous n’arrivons pas à l’appliquer efficacement au-delà de notre coopérative. Pour y remédier, nous réfléchissons à la possibilité de proposer aux sous-traitants de rejoindre notre coopérative en mettant en place des mécanismes appropriés.

Comment sont réparties les tâches de gestion/managériales au sein de la coopérative ?

Les heures de travail sont réparties de manière équilibrée, en visant une répartition d’environ 50/50 entre le temps consacré aux clients et les tâches de gestion. Cela inclut des responsabilités telles que la comptabilité, la prospection, la rédaction des offres, et d’autres tâches liées à la gestion de notre activité. Cette répartition équitable nous permet de répondre aux besoins de nos clients tout en veillant à ce que toutes les tâches de gestion soient correctement prises en charge afin de maintenir la rentabilité de notre entreprise.

Quels sont pour toi les avantages et les inconvénients d’une coopérative d’associés actifs ?

Les avantages du modèle coopératif pour ceux qui veulent se lancer dans une coopérative d’associés actifs sont la flexibilité et la facilité d’entrée et de sortie de la coopérative. En optant pour ce modèle, il est plus facile de passer d’un statut à un autre, ce qui offre une plus grande souplesse. De plus, en étant membre d’une coopérative, nous avons l’opportunité de mettre en avant notre appartenance à l’économie sociale, ce qui est bénéfique en termes d’image et de légitimité. Le modèle coopératif encourage la prise de décision collective et donne à chaque membre une voix dans les décisions importantes de l’entreprise ce qui permet une plus grande égalité entre tous les membres.

En ce qui concerne les inconvénients, il y a une charge de travail administrative supplémentaire liée à la gestion interne de la coopérative, mais nous sommes rémunérés pour le faire. Je dirai également que gérer les statuts d’employés est compliqué à cause des secrétariats sociaux, mais ça c’est pour tout le monde, peu importe le statut de l’entreprise.

Le fait d’être en coopérative nous permet de répondre à des appels à projets et d’accéder à un marché différent, ce qui peut ouvrir de nouvelles opportunités. De plus, cela peut nous rendre éligibles à des subventions et d’autres avantages réservés aux entreprises coopératives.

Dans l’ensemble, nous considérons que le modèle coopératif offre une flexibilité accrue, une légitimité renforcée, ainsi que des possibilités de développement et de reconnaissance au sein du secteur de l’économie sociale. Nous pourrions également envisager de demander l’agrément, ce qui contribuerait davantage à notre légitimité en tant que coopérative.

Une interview de Samuel Desguin de la coopérative Lemonside pour l’agence conseil en économie sociale Febecoop Wallonie-Bruxelles.


Pour en savoir plus sur Lemonside: www.lemonside.be

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