Les plateformes coopératives

L’économie collaborative a ouvert des perspectives réjouissantes en encourageant de nouveaux modes de consommation basés sur le partage. Partant de cette idée séduisante, elle a multiplié les promesses : vie quotidienne plus simple, moindre dépendance aux intermédiaires, diminution des prix pour les uns et perspectives de revenus complémentaires pour les autres.

Derrière ces arguments séduisants et sans doute sincères pour certaines plateformes (du moins à leurs débuts) se cache néanmoins un modèle d’entreprise prédateur piloté par des intérêts extrêmement spéculatifs dans le chef de ses investisseurs. Aujourd’hui, le vernis s’effrite et les mastodontes de cette nouvelle économie peinent à maquiller les dérives provoquées par une stratégie dont la puissance n’a d’égal que le cynisme.

Cependant, en marge et en réaction à la tendance lourde des plateformes calibrées pour maximiser le profit des actionnaires, on assiste, ça et là, à une transformation vertueuse de ces entreprises digitales. Producteurs, travailleurs et utilisateurs, un peu partout dans le monde, commencent à se fédérer pour développer leurs propres outils numériques dans l’idée de satisfaire prioritairement un besoin commun, selon un modèle « pair-à-pair », de rémunérer correctement le travail et de se partager les éventuels bénéfices de façon équitable : voici venues les plateformes collaboratives coopératives.

Si elles sont indéniablement plus vertueuses, ces plateformes alternatives ne sont pas épargnées par le défi de trouver un modèle économique viable. Ce défi est d’autant plus complexe que le marché est très concurrentiel et que l’on connait la force de frappe des acteurs dominants. Il y a donc un profond changement de paradigme à opérer pour ceux qui veulent développer leur plateforme coopérative. Et c’est précisément dans l’ADN de l’entrepreneuriat coopératif que les alternatives doivent aller puiser pour faire émerger des entreprises numériques responsables et viables.